C’était le soir de l’élection présidentielle, le premier ou deuxième tour, je ne sais plus et puis qu’est ce que ça change.
Je pleurais, j’étais épuisée, je ne me souviens plus des raisons, j’en avais pas mal à l’époque et la radio qui diffusait son flot de mots, d’opinions et de discours n’arrangeait pas la situation.
Nous avions décidé de boire du vin de prune japonais et de la Asahi selon un rituel bien ordonné avec lequel nous avions pris nos habitudes à Pékin.
L’alcool et la nostalgie faisaient redoubler mes larmes et mes raisons de pleurer.
Antoine se trouvait un peu démuni face à ma tristesse sans fond, sans parler des élections qui tournaient au vinaigre.
Il est allé chercher quelque chose, je n’ai pas prêté attention, je préparais de quoi grignoter je crois.
Puis il s’est planté devant moi et m’a tendu une toute petit boite noire sur laquelle était gravé dans une écriture argentée : Nous sommes des héros.
J’ai cessé de pleurer un instant, je l’ai regardé, un peu interloquée.
Il m’a dit : « Ouvre. »
J’ai ouvert.
L’écrin contenait une bague dorée avec sur le dessus un éclair en relief posé sur un rond rouge cerclé de doré.
Le flot de mes larmes a redoublé, elles avaient pourtant un goût différent.
Il a dit quelque chose comme :
« Est ce que tu veux te marier avec moi ? »
J’ai ri, je pleurais aussi, j’étais trempée de larmes, de morve et de rire.
Puis il a dit d’une traite :
« Cette bague, c’est la bague de Flash. Flash, il court tellement vite qu’il est capable de changer le cours des choses dans le passé et toi, tu as ce super pouvoir, tu es capable de changer le cours des choses depuis le passé, je l’ai choisie pour ça. »
J’ai ri, j’ai ri, j’ai dit oui et j’ai ri encore.
Macron a été élu président je crois, je n’écoutais plus la radio.
Nous avons fini la bouteille de vin de prune, les Asahi et nous sommes allés nous coucher.
Crayon sur papier Canson – 21×29,7 cm