J’ai pris l’habitude de garder tous les morceaux de vaisselle cassé depuis le début de cette époque post-covid. Plus que garder des morceaux, je les préserve, je les sauve, c’est une réflexe, il m’est devenu impossible de les jeter.
Alors je les garde dans une boîte en plastique depuis 2020.
J’ai fini par comprendre que je me suis bêtement identifiée à ces débris. D’abord la cassure violente, puis le morcellement et cet état d’être au monde en mille morceaux.
J’ai pris soin de bien les protéger pour mon déménagement depuis la Chine, ils ont rejoint dans un carton marqué fragile les bouts de bois que j’avais collectés pour faire des fagots. Les déménageurs ont levé les yeux au ciel et se sont gentiment moqués de moi.
Ces gestes sont devenus essentiels pour moi, je n’ai plus le choix.
J’imagine souvent leur redonner une nouvelle vie. Pour le moment, je ne sais pas comment m’y prendre.
Dessins des 10 et 29 décembre 2020
Encre et aquarelle sur papier Canson – 21×29,7 cm
Encre et aquarelle sur papier Canson – 21×29,7 cm