J’ai eu le sentiment à un moment d’arriver au bout d’un chemin, d’une quête peut être. Ce sentiment s’est matérialisé par une image – comme c’est très souvent le cas chez moi, ma mère m’avait dit une jour : « la métaphore est la figure préférée des hystériques ».
J’ai vu une falaise.
Cette arrivée au bord du ravin m’a ravie. Je me sentais libre, au bord d’une vie nouvelle et de possibilités infinies. J’ai dessiné la falaise, j’en ai profité pour expérimenter de nouvelles méthodes de dessin, j’ai passé des heures à tracer des lignes pour créer des stratifications, la nouveauté s’offrait à moi. Et puis la question, pourtant évidente, mais que je n’avais pas du tout envisagée a fini par venir se mêler à mon enthousiasme : c’est quoi la suite ?
Au bout de mon paysage, en haut de cette falaise, j’étais plutôt coincée qu’autre chose, sans issue en quelque sorte à part me jeter dans le vide ce qui paraissait avec le recul – vraiment risqué.
Ma frénésie est retombée et me suis étonnée de n’avoir pas vu l’impasse dans laquelle je me trouvais, absorbée que j’étais par le vide de l’horizon.
Ma vision assez binaire – vide, plein – et sans nuance occultait une sortie pourtant simple : je pouvais emprunter le chemin qui longe la falaise. Cette solution beaucoup plus sûre et bien moins grandiloquente que le grand saut dans le vide m’est apparue suffisamment bonne.
En plus, j’aime marcher.
Crayon sur papier Canson – 21×21 cm