11/07/2023

Ce matin, en allumant la radio, je suis tombée par hasard sur une émission sur la vie d’Angela Merkel, j’ai entendu Helmut Kohl annoncer la réunification des deux Allemagne, les enregistrements sonores de la liesse populaire à la chute du mur, des extraits des concerts donnés à Berlin à cette époque.
J’étais en 5eme, j’avais fait allemand première langue, j’avais l’impression de vivre l’Histoire, la chute du mur était pour moi un événement porteur d’espoir et je voyais dans la communauté européenne la possibilité d’un monde meilleur.
Ce matin, mon thé avait un goût de larmes.
J’élève mes filles dans un monde qui se détermine au sabotage, la radio annonce 40 degrés en Lorraine, des orages violents, les cabinets de conseil dirigent le pays, le grand remplacement contre toutes les statistiques et études sociologiques vient faire peur à ma mère, le cynisme et l’immédiateté remplacent au pied levé le temps de la réflexion et de l’action choisie.
La liste est si longue, si envahissante et désespérante, je ne la comprends plus.
Notre époque, celle qui aurait du être la nôtre – nous, la génération prise en étau entre les vieux qui ne lâchent rien et les jeunes qui imposent leur instantanéité – est cauchemardesque et ceux qui ont la parole s’adonnent à la culture intensive de l’anxiété.
Je n’ai qu’une vie, ai je dit ce matin à Antoine.
J’ai déprogrammé les notifications des médias que je lis sur mon téléphone.

C’est l’été, il fait bon de mon côté de la France, je suis en convalescence, je me suis allongée dans mon lit aux draps pastels pour divaguer, travailler, me reposer. Les fenêtre de ma chambre sont ouvertes, la lumière est crue, blanche et l’air est frais.
Je m’allonge, j’écoute Le Secret de la Licorne en podcast.

Il y’a des choses que je sais dessiner et d’autres que je sais écrire.

chambre lit hokusai miroir

Vue de mon lit – 11 juillet 2023