Je ne mange pas de saucisses, j’ai toujours trouvé ça obscène. Je serais, par exemple, incapable de commander une saucisse-purée dans un restaurant sans avoir l’impression de sombrer dans la pornographie.
J’avais, en 2004, lors d’une résidence à Berlin, déjà dessiné mon trouble charcutier. Lors d’une énième journée de danse, d’alcool et d’anecdotes dessinées, un jeune homme m’avait proposé de partager son hot-dog, il m’avait présenté un tout petit pain renfermant une longue saucisse orange qui dépassait des deux côtés. Je n’ai pas pu accepter.
Depuis que je vis en Bretagne, je suis confrontée en permanence à mon sentiment d’obscénité et je me retrouve à manger des saucisses en toutes occasions.
J’ai du m’y faire.Ce dessin est en quelque sorte la survivance nécessaire, la mémoire de ma pudeur outrée avant qu’elle ne soit engloutie dans des barquettes de saucisses-frites-ketchup.
2 dessins de saucisses à presque 20 ans d’écart :
– souvenir de Berlin 2004 – dessin numérique
– journal dessiné, aujourd’hui – aquarelle et crayon
Aquarelle sur papier – 21×29,7 cm
Dessin numérique